Le télétravailleur est un agent comme les autres et, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce dernier peut lui aussi être confronté à des difficultés dans la réalisation de ses missions de travail.
NOTRE RÉDACTRICE : Florence ADELSON, Assistante de missions, Service Prévention des Risques
Professionnels – CENTRE DE GESTION DE LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE DE LA GUYANE
De quoi s’agit-il ?
Le télétravail fait référence à une organisation du travail particulière. En effet, il s’agit de l’exercice d’une activité professionnelle réalisée en dehors des locaux de son employeur de manière permanente ou en partie. Mais le télétravail n’est pas uniquement synonyme de travail à domicile, ce dernier peut aussi s’effectuer au sein de télécentres, d’espaces de coworking ou encore dans des lieux de travail différents selon l’activité à réaliser (appelé : le télétravail mobile ou nomade). Le télétravail se fait sous la forme du double volontariat avec un avenant au contrat, et il se réalise grâce aux technologies notamment l’informatique et la communication (internet, téléphonie mobile, fax, etc.). De nos jours, bon nombre d’entreprises du secteur privé permettent à leurs employés de pratiquer le télétravail à domicile ou nomade. Mais depuis peu, cette pratique commence à toucher le secteur de la fonction publique.
Qui est le télétravailleur ?
C’est un salarié d’une entreprise, d’une association ou d’une collectivité dont l’organisation permet de travailler à distance de manière continue ou partielle, ou encore lors de déplacements professionnels. Habituellement, le profil du télétravailleur est celui des actifs qualifiés (cadres) dont les missions peuvent être réalisées aussi bien en présentiel qu’à distance. Les secteurs de l’informatique, de l’administratif sont généralement les plus concernés.
Quels risques pour le télétravailleur ?
Toute situation de travail doit être évaluée que ce soit dans les locaux de l’employeur ou au domicile de l’agent… Le télétravail s’il n’est pas régi par une organisation particulière et bien définie, il n’est pas rare de constater que le télétravailleur finit par souffrir d’une situation de travail dégradée pourtant bénéfique au départ et dans son ensemble. Il est possible d’identifier différents types de risques qui peuvent concerner le télétravailleur.
•L’inadaptation du matériel de télétravail ou du bureau à domicile qui à la longue peuvent engendrer des troubles physiques (musculo-squelettiques, TMS), auditifs ou bien visuels, souvent liés à une mauvaise ergonomie ou à une installation défectueuse.
•Des conditions de travail négligées qui peuvent conduire à des accidents domestiques tels que les chutes de hauteur et de plain-pied, des blessures (du type coupures, plaies ouvertes), des risques électriques, etc.
• Des risques liés aux champs électromagnétiques causés par une trop grande exposition aux rayonnements de ces derniers. Ces risques éventuels sont encore peu et mal connus mais l’utilisation intensive du téléphone portable peut être cancérogène pour l’homme à long terme, selon le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer).
•Des risques psychosociaux peuvent s’expliquer par le sentiment d’isolement qui peut se faire ressentir dans la pratique du télétravail et l’éloignement dû au fait de travailler sur un fuseau horaire différent de celui de l’employeur.
•L’empiètement du travail professionnel sur la sphère privée et familiale, dû à la disponibilité constante du télétravailleur qui peut l’amener à travailler, avec des plages horaires excessives, parfois inconscientes, au détriment de sa vie privé ainsi que de son temps de repos.
•La plus grande disponibilité peut être source de stress en raison de la mise en place d’objectifs inatteignables ou flous ou arbitraires et d’éventuels contrôles ou d’actes de surveillance excessifs ou tatillons de la part de l’employeur, pouvant être considérés comme des actions malsaines envers le télétravailleur.
•L’affaiblissement de la vie sociale car les communications se font principalement par écran interposé et le réel contact humain s’en retrouve fortement diminué.
Il n’est pas rare de constater, aussi, que le télétravailleur puisse ressentir une inégalité dans ses conditions de travail (absence d’intégration, d’encadrement, d’évaluation, de reconnaissance, manque de soutiens et de moyens…) et de ses droits en matière de formation et de promotion en n’ayant pas accès aux mêmes informations et opportunités de carrières que ses collègues.
Un enjeu organisationnel
Le télétravail est présenté comme une nouvelle méthode de travail offrant des nombreux avantages tant à l’employé en termes d’économie de temps (diminution fatigue et transports) et de souplesse d’organisation de travail, qu’à l’employeur en termes d’économie financière (réduction d’investissement immobilier et de frais locatifs) et permettant aussi l’accès au travail pour des personnes en situation de handicap ou atteinte de maladie chronique. Il est, néanmoins, important de garder à l’esprit que le télétravail reste un acte nécessitant une organisation personnelle-professionnelle de qualité et un accompagnement suivi de l’employeur, pour le bénéfice des deux parties.