Les travailleurs de ce secteur sont confrontés quotidiennement à de nombreux risques inhérents à la profession.

NOS REDACTEURS : Pr Thomas PETIT, Département HSE, IUT La Réunion, Université de La Réunion ; Ide Anne-Sophie PETIT, Infirmière de l’Education Nationale, Académie de La Réunion ; Dr Yanis CARO, Département HSE, IUT La Réunion, Université de La Réunion

De quoi parlons-nous ?
De nombreux personnels interviennent dans le cadre des soins à domicile, que ce soit le service d’aide à domicile (Aides-soignants), les infirmiers libéraux, les SSIAD (Service de Soins Infirmiers à Domicile), les SPASAD (Service Polyvalent d’Aides et de Soins à Domicile), les réseaux gérontologiques, les EMG (Equipe Mobile Gériatrique), les ESA (Equipe Spécialisée Alzheimer) ou encore l’HAD (Hospitalisation à Domicile). Si on ne compte que les aides-soignants et les infirmiers, ces personnels peuvent représenter jusqu’à 30 000 personnes au niveau national confrontées tous les jours à différents risques professionnels inhérents à la profession, comme par exemple :

  • Le risque biologique (ou risque infectieux) qui est lié à la proximité avec les patients. Ce risque est d’autant plus augmenté aujourd’hui en raison de la pandémie de COVID 19 qui touche le monde entier ;
  • Les risques chimiques liés à la manipulation de produits chimiques ou d’instruments médicaux spécifiques ;
  • Les risques physiques générés, entre autres, par la manipulation quotidienne de patients qui sont fréquemment alités. Les conséquences peuvent se traduire par des douleurs répétées qui deviennent invalidantes avec le temps. La majorité des accidents du travail et des maladies professionnelles liés à ces métiers sont des atteintes des membres supérieurs (les troubles musculo-squelettiques) et du dos (comme des lombalgies) ;
  • Le risque psychologique lié au rapprochement au quotidien avec des patients souffrants de lourdes pathologies et au nombre particulièrement important de décès.

L’importance des moyens de prévention 

Il est indispensable de rédiger un document unique après avoir évalué les risques professionnels liés au métier et à son environnement. Ce travail réalisé en équipe permet d’élaborer des actions spécifiques de prévention, de faire un constat des différents risques professionnels rencontrés par ce personnel soignant et de partager sur les difficultés rencontrées par les intervenants sur le terrain (ces difficultés peuvent être techniques, humaines ou encore organisationnelles). De plus, ce travail réalisé en amont va permettre une meilleure organisation du travail et une meilleure gestion des risques.

Focus concernant le risque infectieux 

Que ce soit en milieu hospitalier ou à domicile, le risque infectieux est le même pour le personnel soignant. En effet, les différents modes de contamination sont nombreux pour ce personnel exposé au quotidien à des agents pathogènes variés comme les virus, les bactéries ou encore les parasites. La transmission d’agents pathogènes peut se faire :
Par les liquides biologiques en cas de projection sur les muqueuses (yeux, bouche, nez) ou en cas de piqûre (exemple du VIH, des hépatites qui sont transmissibles par le sang). On parle alors d’Accident Exposant au Sang (AES) qui correspond à un « contact avec du sang ou un liquide biologique contenant du sang et comportant soit une effraction cutanée (piqûre, coupure) soit une projection sur une muqueuse (œil…) ou sur une peau lésée. Sont assimilés à des AES les accidents survenus dans les mêmes circonstances avec d’autres liquides biologiques (tels que liquide céphalorachidien, liquide pleural, sécrétions génitales…) considérés comme potentiellement contaminants même s’ils ne sont pas visiblement souillés de sang » (Source : Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. Arrêté du 10 juillet 2013 relatif à la prévention des risques biologiques auxquels sont soumis certains travailleurs susceptibles d’être en contact avec des objets perforants. Journal officiel du 31 août 2013; 1-4) ;
Par les voies respiratoires (exemple de la tuberculose causée par une bactérie qui peut se transmettre par les gouttelettes de salive ou d’expectoration) ;
Par simple contact (la gale est causée par un parasite qui peut se transmettre par contact directe ou indirecte avec la peau).
La meilleure arme pour lutter contre ce type de risque infectieux est la prévention avec en premier lieu le respect des précautions standards que l’on apprend lors de la formation, puis par l’utilisation de matériels de sécurité adaptés et enfin par un suivi régulier de sa santé à travers la médecine du travail, notamment en ce qui concerne les vaccinations (hépatite B, grippe, …)

La prévention 

Les principales mesures destinées à prévenir les risques infectieux à domicile sont (source INRS) :
L’hygiène, en particulier le respect de l’hygiène des mains à travers les protocoles du CLIN (Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales), le respect des bonnes pratiques en tant que soignant à domicile (avant-bras dégagés, sans bijoux), le nettoyage et la désinfection des équipements et des surfaces utilisés avant et après chaque utilisation ;
L’environnement du patient, par exemple lors d’une intervention à domicile, qui nécessite d’organiser son plan de travail de manière à respecter l’hygiène et les bonnes pratiques ;
Les équipements de protection individuelle (EPI), ce qui qui implique d’adapter sa tenue vestimentaire par rapport aux soins prodigués. Par exemple il est conseillé de porter un vêtement de type blouse dédié uniquement aux soins ou encore d’autres équipements qui pourront être employés en fonction du soin comme les gants, les tabliers en plastique si le soin réalisé peut être souillant (change de protection type couche) ou mouillant (réalisation d’une toilette par exemple), les masques chirurgicaux anti-projections (norme EN 14683) et les lunettes de protection pour certains soins pouvant exposer à des projections de sang ou des liquides biologiques, des masques de protection respiratoire (FFP2) en cas de risque d’infection par voie aérienne (aérosols) ;
La gestion des OCPT (Objets coupants, piquants et tranchants) qui implique d’utiliser les dispositifs médicaux de sécurité mis à disposition, de ne jamais recapuchonner ou désadapter à la main les aiguilles des seringues ou des systèmes de prélèvement sous vide, de jeter immédiatement sans manipulation les aiguilles et autres instruments piquants ou coupants dans un conteneur à déchets adapté (conforme à l’arrêté du 24 novembre 2003 modifié) et situé au plus près du soin et dont l’ouverture est facilement accessible et en ne dépassant pas le niveau maximal de remplissage.

Source : « Actualisation des Précautions Standard – Etablissements de santé, Etablissement médico-sociaux, soins de ville. Recommandation » – Juin 2017 – Guide de la société française d’hygiène hospitalière (SF2H)