Les TMS (troubles musculo-squelettiques) sont des pathologies multifactorielles et peuvent avoir plusieurs sources dont l’exposition à des ambiances physiques contraignantes notamment les vibrations.

NOTRE RÉDACTEUR Thomas DA FONSECA, Ergonome – Martinique Médecine du Travail (2MT)

De quoi parle-t-on ?

L’article R.4441-1 du Code du travail définit deux types d’exposition aux vibrations :
Les vibrations transmises à l’ensemble du corps notamment lors de la conduite d’engins (tractopelle, bus, semi-remorque, gerbeur) ;
Les vibrations transmises aux membres supérieurs lors de l’utilisation de machines portatives (marteau-piqueur, meuleuses, perforateurs, scies sauteuses).
Les salariés les plus exposés travaillent principalement dans les secteurs suivants :
Industriel, Transports, BTP, Agriculture, Industrie du bois, Métallurgie. 

Cadre règlementaire
Les articles R. 4441-1 à R. 4447-1 du Code du travail indiquent que les employeurs ont pour obligation de prévenir l’exposition aux vibrations. Les effets des vibrations sur les travailleurs dépendent de nombreux critères tels que leur fréquence, la durée d’exposition, les parties du corps exposées mais également le niveau d’accélération exprimé en m/s² (mètres par seconde carrée). Les articles R. 4443-1 et R. 4443-2 du Code du travail fixent des valeurs seuils d’exposition journalière (8 heures de travail quotidiennes) :
Une valeur d’exposition journalière déclenchant l’action : 0,5 m/s² pour l’ensemble du corps et 2,5 m/s² pour les membres supérieurs. Si ces valeurs sont dépassées, l’employeur doit mettre en place des mesures de prévention afin de réduire l’exposition ;
Une valeur limite d’exposition journalière : 1,15 m/s² pour l’ensemble du corps et 5 m/s² pour les membres supérieurs. Ces valeurs ne doivent jamais être dépassées.

 

Effets sur la santé des personnes exposées
L’exposition répétée aux vibrations et à des niveaux élevés est susceptible d’entrainer des risques pour la santé :
Les vibrations transmises à l’ensemble du corps lors de la conduite d’engins peuvent provoquer l’apparition de douleurs au niveau du dos (lombalgies, sciatique, dégénérescence précoce de la colonne vertébrale et hernie discale), des nausées, des troubles visuels, digestifs et de la circulation sanguine ;
Les vibrations transmises aux membres supérieurs lors de l’utilisation de machines portatives peuvent entrainer des troubles et des lésions au niveau des mains, du poignet, du coude, de l’épaule et des cervicales (douleurs, réduction de la force manuelle, diminution de la dextérité et de la sensibilité, fourmillements et arthrose précoce) ;
Certains facteurs aggravants sont susceptibles d’augmenter les risques de survenue de douleurs :
– Station assise prolongée ou avec des postures contraignantes ;
– Evolution sur un terrain irrégulier à une vitesse inadaptée ;
– Réglages inadaptés du siège ;
– Manque d’entretien du matériel ;
– Manutention manuelle ;
– Montées et descentes fréquentes de l’engin ;
– Exposition régulière et de longue durée.

L’évaluation des risques
L’employeur doit évaluer et mesurer les niveaux d’exposition aux vibrations auxquels les travailleurs sont exposés afin d’identifier les postes exposés et de déterminer si les valeurs seuil définies par la réglementation sont dépassées. Les mesures s’effectuent à l’aide d’un vibromètre ou d’un exposimètre par une personne compétente. Lors de l’évaluation des risques, l’employeur doit notamment prendre en considération les éléments suivants :
Le niveau, le type et la durée d’exposition ;
Les facteurs aggravants ;
Les conditions de travail particulières comme les basses températures ;
Les conclusions du médecin du travail ;
Les travailleurs les plus sensibles (femmes enceintes et mineurs) ;
Les répercussions sur la réalisation des tâches et sur la sécurité des salariés. 

Les mesures de prévention 

Lorsque les résultats dépassent les valeurs d’exposition définies par la réglementation, l’employeur doit prendre des mesures de prévention :
Réduire voire supprimer les vibrations à la source :
– Choix de l’engin en fonction de la tâche et de la nature du sol (remplacement d’un transpalette par un convoyeur, par exemple) ;
– Améliorer les surfaces de roulement ;
– Adapter les vitesses de déplacement ;

Proposer des dispositifs de suspension adaptés entre le salarié et la source de vibrations (équipements anti-vibratiles et sièges à suspension adaptés) ;
Limiter les postures contraignantes en proposant des équipements adaptés : siège ou cabine pivotant, siège réglable, rétroviseurs, caméras de recul ou parois vitrées ;
Réduire la durée de l’exposition : rotation des travailleurs sur les postes ;
Former les opérateurs : réglages du siège, vitesse adaptée à l’état du sol, etc.