Les processus et infrastructures utilisés dans les locaux sous température dirigée peuvent engendrer de nombreux risques pour les travailleurs.

NOTRE REDACTRICE : Sophie THOMAS, Contrôleur de sécurité – Direction de la Prévention des Risques Professionnels, CGSS RÉUNION

De quoi parle-t-on ?

Le froid est indispensable à la préservation et la conservation d’un grand nombre de produits (denrées alimentaires périssables, produits de santé par exemple) qui sont soumis à des contraintes réglementaires spécifiques à chaque catégorie de produit. Cependant, il engendre des environnements et des situations de travail particulières qui peuvent être sources d’accident ou d’aggravation de certains troubles

Le contexte 

Les partenaires sociaux du Comité technique national des industries des transports, de l’eau, du gaz, de l’électricité, du livre et de la communication (CTN C) et du Comité technique national des services, commerces et industries de l’alimentation (CTN D) ont ainsi rédigé une recommandation, la R499, ayant pour objectif de définir des dispositions constructives ou opérationnelles permettant de limiter les risques spécifiques au froid entrainant des accidents du travail ou des maladies professionnelles, sans pour autant remettre en cause la sécurité sanitaire des produits.


Quels types de risques ?
Les processus et infrastructures utilisés dans les locaux sous température dirigée peuvent engendrer des risques spécifiques liés à :
> L’ambiance thermique :

Pour réduire les risques liés au froid, il convient :
D’éviter d’exposer les personnes à des températures inutilement trop basses ;
De limiter la vitesse résiduelle de l’air à 0,2 m/s au niveau des postes de travail, en présence d’opérateurs effectuant des déplacements limités, à l’aide de systèmes adaptés tels que déflecteurs, manchettes, gaines de distribution, plafond soufflant, par exemple ;
De réduire les échanges et/ou courants d’air :
– par l’optimisation de l’étanchéité des portes et fenêtres et de leur temps d’ouverture ;
– et/ou par la mise en place de sas ou de rideaux d’air ou de portes mécaniques à système rapide de relevage ;
De privilégier, lorsque le processus le permet, des températures différentes pour les produits et le personnel : recours à des chariots élévateurs à cabine chauffée, couteaux ou gants chauffants, etc..
De privilégier des installations de soufflage d’air dont le niveau sonore est réduit (au mieux < 65 Dba ;
De prévoir l’accessibilité en sécurité des filtres à air et des installations liées au froid pour les opérations de maintenance.
D’étudier la mise en place de mesures organisationnelles ou techniques permettant de limiter l’exposition directe des personnes au froid ;
De mettre en œuvre des mesures organisationnelles ou techniques permettant d’éviter d’enlever et remettre fréquemment les EPI ;
De mettre à disposition des salariés un emplacement chauffé ou tempéré permettant de se désaltérer grâce à des boissons chaudes non alcoolisées ou de l’eau, et de s’alimenter ;
De mettre à disposition, de veiller au port et de porter les équipements de protection individuelle adaptés :
– gants – EN 511 ;
– vêtements, cagoules, tour de cou et bonnets – EN 342 et EN 14058 (température positive) ;
– chaussures – ISO 20345, ISO 20346 ou ISO 20347 ;
De mettre en place des solutions permettant de sécher chaussures, gants et vêtements dans les différents espaces communs (vestiaires, couloirs….).
> La présence d’eau à l’état liquide ou solide :

La présence d’eau ou de glace au plafond, sur le sol, les escaliers et les passerelles provenant des processus, des produits ou de la condensation peut entraîner des glissades et des chutes.

Pour prévenir ces risques, il convient de :
Mettre en œuvre, lors de la construction des locaux sous température dirigée, des revêtements de sols adaptés, en évitant les dénivelés et les barres de seuil métalliques à l’entrée des chambres froides ;
Eviter le développement de glace, en mettant en place des dispositifs et/ou procédés tels que :
– des assécheurs d’air, des systèmes de récupération de l’eau de dégivrage, des sas… ;
– des dispositifs limitant les échanges de masse d’air ;
– un nettoyage régulier des surfaces (sols, escaliers) et un enlèvement de la glace pour prévenir l’accumulation d’eau ou de glace au sol ;
– un dégivrage régulier des plafonds, des lanières et des encadrements de portes, des parois et du mobilier ;
Mettre à disposition des salariés des chaussures ou bottes adaptées.

> Un niveau d’intensité lumineuse inadapté et/ou un manque de visibilité :

Les collisions entre personnel et engins ou entre engins, ainsi que les écrasements par l’engin ou sa charge, peuvent provenir du manque de visibilité provenant d’un éclairage inadapté ou des infrastructures spécifiques (portes, sas, lanières).

Pour prévenir ces risques, il est possible de mettre en œuvre tout ou une partie des mesures suivantes :
Etablir des consignes, règles ou organisations de circulation adaptées ;
Mettre en place un dispositif lumineux signalant l’ouverture imminente de la porte ;
Installer des portes ajourées ou translucides, ou des rideaux d’air ;
Equiper les engins de manutention d’un signal sonore et/ou lumineux actionné par les conducteurs aux lieux de croisement (passage des portes) ;
Privilégier une alternative aux lanières translucides lorsque cela est possible ;
Assurer l’entretien des lanières translucides existantes ;
Mettre en place des éclairages efficients naturels ou artificiels conformément à l’annexe.

Pour aller plus loin le texte complet de la recommandation est consultable et/ou téléchargeable en ligne sur le site http://www.ameli.fr.