En 2016, ce sont un peu plus de 1 275 800 000 examens qui ont réalisés dans les 4000 laboratoires qui existent en France (Source : BioMed), soit une moyenne d’environ 20 examens par personne et par an.

NOS RÉDACTEURS : Yanis CARO, Maître de Conférence – Université de La Réunion, Département HSE ; Anne-Sophie PETIT BOUILLON, Infirmière de l’Education Nationale – Académie de La Réunion ; Thomas PETIT, Professeur des Universités – Université de La Réunion, Département HSE.

De quoi s’agit-il ?

Les laboratoires sont des milieux assez fermés afin d’assurer le respect des règles d’hygiène et de sécurité, d’une part, et le respect de la confidentialité des résultats de nos analyses, d’autre part. Ce sont des espaces où les dangers sont partout, à la fois par l’utilisation de produits chimiques dangereux, par le risque de contamination biologique, par l’utilisation de matériels coupants et piquants, et bien d’autres encore…

Accréditation obligatoire
Selon l’ordonnance n° 2010-49 du 13 janvier 2010 relative à la biologie médicale ratifiée par la loi n° 2013-442 du 30 mai 2013 portant réforme de la biologie médicale, l’accréditation est obligatoire pour tous les laboratoires d’analyses biologiques et médicales selon la norme NF-EN-ISO 15189. Cette norme est reconnue en France (NF), en Europe (EN) et à l’international (ISO). Cela permet d’uniformiser les pratiques pour qu’elles soient les mêmes partout dans le monde. Cette réforme a permis une meilleure reconnaissance de la compétence et du savoir faire des laboratoires accrédités par le COFRAC (Comité Français d’Accréditation). Bien que le référentiel NF-EN-ISO 15189 traite des ressources humaines, des infrastructures et de l’environnement de travail, il ne mentionne pas d’exigences spécifiques en matière de santé et sécurité au travail. La question de la prévention des risques professionnels demeure une question centrale dans ce type de laboratoire où les dangers sont multiples. Il s’avère crucial de mettre en oeuvre des pratiques et des techniques sécuritaires relatives à l’utilisation des matières dangereuses pour la protection de la santé des laborantins.

La typologie des risques
Les risques que l’on peut identifier dans un LABM peuvent être regroupés en plusieurs catégories : 
Les risques biologiques : L’un des principaux évènements redoutés est l’exposition au sang contaminé ou la contamination accidentelle par un agent biologique de nature connue ou non (bactéries, protozoaires, virus, prions, etc.). Il est important de bien savoir identifier les agents infectieux pour évaluer précisément le risque biologique en fonction des micro-organismes pathogènes rencontrés lors des analyses. A partir de cette évaluation du risque, il sera possible d’organiser l’aménagement des locaux et des postes de travail ainsi que l’organisation du travail. Les agents biologiques sont classés en 4 groupes en fonction du risque infectieux (le groupe 1 inclus les agents non infectieux alors que le groupe 4 concerne les agents infectieux provoquant des maladies graves et pour lesquelles il n’existe ni prophylaxie, ni traitement efficace), ce qui permet d’évaluer un niveau de confinement approprié pour le laboratoire. Il existe 3 niveaux de confinement pour les risques infectieux allant de 2 à 4.

> Les risques chimiques :

Il ne faut pas les oublier car de nombreux produits chimiques sont utilisés pour l’analyse d’échantillons biologiques ou encore pour la désinfection des locaux et des équipements du laboratoire. On peut y retrouver des acides forts, des bases fortes, des solvants toxiques, des substances chimiques cancérogènes et/ou mutagènes et/ou toxiques pour la reproduction (CMR) et bien d’autres produits irritants, corrosifs ou sensibilisants pouvant provoquer des brûlures, des réactions allergiques (dermatoses, rhinites, asthme), etc.

> D’autres risques…

Il existe d’autres risques professionnels, souvent sous-estimés qu’il ne faut en aucun cas oublier pour une démarche de prévention efficace comme :
• Les risques de chutes de plain-pied et de glissades (locaux encombrés, sols glissants…) ;
• Les risques de brûlures (bain-marie, bec bunsen, autoclave, autoclave…) et de coupures (piqûres, verreries cassées…) ;
• Les risques électriques liés aux équipements de travail ;
• Les risques de lombalgies ou troubles musculo-squelettiques (TMS) liés au travail sur écran, sur microscope, le port de charges… ;
• Les risques psychosociaux (RPS) (travail sous contrainte de temps, peur de l’erreur…) ;
• Le risque routier lors des déplacements pour transporter les prélèvements…

Quelle prévention ?

La prévention des risques professionnels se traduit souvent par l’élaboration du document unique d’évaluation des risques (DUER) qui permet de répertorier les situations dangereuses possibles et d’évaluer le niveau de risque. Cela permet in fine de mettre en place des moyens adaptés de prévention et de protection, conformément aux neuf principes généraux de prévention. Les mesures de protection comprennent :

La protection individuelle avec l’utilisation de gants, de lunettes et de masques de protection, sans oublier la blouse en coton. Cette protection se fait également par l’usage des bonnes pratiques comme l’interdiction du pipetage à la bouche, du recapuchonnage des aiguilles, le nettoyage des plans de travail et équipements avec respect du temps d’action des désinfectants…

L’utilisation d’équipements de prévention collective tels que des postes de sécurité microbiologique (PSM), une ventilation correcte des locaux, des conteneurs adaptés pour les produits souillés, l’utilisation de sorbonnes pour éviter le risque chimique, des lavabos et distributeurs de savon à commande non manuelle…

En conclusion, les dangers peuvent être évités ou limités si ces règles élémentaires de sécurité sont respectées. Dans un laboratoire il faut donc avoir une attitude réfléchie pour ne pas mettre sa vie ou celle de ses collègues en danger !